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Les enfants préfèrent les règles aux interdits

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J’anime des ateliers pour les enfants. Ils sont en général 18 entre 8 ans et 11 ans, et l’atelier dure une heure et demi. Au début, nous sommes tous en cercle et nous partageons les bonnes nouvelles de notre journée. Il est difficile pour tous ces enfants de rester calmes et assis sur leur chaise durant ce temps. Je suis souvent obligé de répéter qu’il faut se taire et ne pas

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Gestion des émotions et conflits : le petit bleu parle de la formation de l’équipe pédagogique

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Bonjour,

 

et bien nous avons eu un bel article dans le journal, hier le 14 09. Le titre écrit concerne les ados mais il s’agit de tous les enfants. Petite coquille.

Je vous souhaite une belle lecture. Et une rayonnante journée!

 

Lydie

 

Se changer soi avant de changer son ado …

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Se changer soi avant de changer son ado

S. a 13 ans et aller à l’école n’est pas facile pour lui, il présente des symptômes de phobie scolaire. L’année dernière, il a passé presque un mois chez lui, et il a fallu lui proposer une adaptation de son emploi du temps pour qu’il puisse retourner un peu à l’école à mi-temps. Sa mère est préoccupée par l’état de son fils, et en supplément des consultations médicales, elle a décidé de rejoindre un groupe de parentalité pour trouver un peu d’aide. C’est en effet difficile pour elle de gérer les difficultés de son fils et de s’occuper de ses autres enfants ainsi que de son emploi à plein temps.Elle se sent dépassée et vraiment fatiguée. Quand S. arrive avec sa mauvaise humeur parce qu’il a passé une très mauvaise journée, c’est difficile pour elle de ne pas sombrer dans le désespoir ou de ne pas le secouer. Pourtant ce n’est pas la solution.

Durant les ateliers, elle comprend que les enfants grandissent en prenant les adultes comme modèles plutôt qu’en suivant leurs conseils et leur recommandations. Elle décide alors d’essayer de changer son propre comportement avec son fils.

Elle se rend compte qu’elle partage souvent avec ses enfants les mauvais moments de sa journée et sa fatigue, et qu’ainsi elle leur donne l’impression que la vie est difficile alors qu’elle sait que leur mode de vie est plutôt privilégié. Comme S. est un garçon très sensible, il a tendance à retranscrire ses difficultés et à prendre la vie du mauvais côté.

La mère de S. commence à partager chaque soir, quelques moments de sa journée qu’elle a particulièrement appréciés, ou la façon dont elle s’est sortie d’une difficulté à son travail. En faisant cela, elle donne l’habitude a ces enfants de porter leur attention sur les petits bonheurs de la vie, au lieu de focuser sur les événements déplaisants.

Dans le même temps, elle essaye d’écouter son fils avec empathie, mais sans plonger immédiatement avec lui dans la désolation, et sans lui donner immédiatement une solution pour se sortir d’affaire. Elle le laisse exprimer ses émotions, et ses préoccupations et admet qu’il peut se sentir triste ou en colère.

Après quelques semaines de ce fonctionnement, l’ambiance de la famille a changé et est devenue plus tranquille. La mère de S. espère vraiment que la nouvelle année scolaire va mieux se dérouler. Maintenant elle essaye d’être un modèle positif pour son fils, et cela s’est révélé être vraiment utile pour lui. Là est tout le pouvoir de la gratitude et de la parentalité consciente.

 

Parentalité

Des enfants, un conflit, un animateur, une pelote!

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La résolution de conflit en pelote.

Voilà un bien bel outil que j’ai pu ramener dans mon sac à dos au retour de cette belle aventure en Italie.

Qui suis-je ?

Je suis animateur – coordinateur dans une mairie de la périphérie de Rennes et je suis au contact de 540 enfants environ. Et les conflits sont fréquents, c’est pour cette raison que j’ai souhaité m’intéresser à la pleine conscience.

L’outil

Utiliser une pelote de laine pour laisser les enfants régler seuls leurs conflits.

Il s’agit simplement d’intervenir au départ du conflit en remettant aux enfants une pelote de laine enroulée.

Les enfants s’expriment tour à tour en s’adressant les uns aux autres, au sujet du conflit.

La règle étant que lorsqu’on parle, on prend un bout de la ficelle et on ne la lâche pas jusqu’à la fin du conflit. On reprend en main un bout à chaque usage de la parole.

Un enfant peut ainsi se retrouver avec 20 fois le passage de ficelle en une main.

Déroulé

Au début, j’ai utilisé cette technique dans mon bureau et cela fonctionnait bien car les enfants trouvaient l’outil amusant, la technique rigolote et innovante. Je leur permettais en plus de pouvoir choisir la couleur de leur pelote, ce qui les surprenait car en arrivant dans le bureau, ils s’attendaient plutôt à être grondé ou avoir des lignes à copier. Ensuite, il faut être adroit pour se passer la pelote quand les mains tiennent les ficelles, donc l’attention n’est plus focalisée sur le conflit mais sur la réussite, il en naît une sorte d’entraide entre les enfants qui se chahutaient.

Les enfants étaient aussi surpris car ils ne devaient pas me rendre de comptes mais s’adresser à leur camarade uniquement. Moi je leur disais que je ne les écoutais pas, que je faisais autre chose pendant ce temps. Puis à la fin, j’interviens pour reprendre chaque bout de ficelle et leur demander ce qui avait été dit ( chaque bout de ficelle représente un échange verbale ).

Je finissais pas leur demander «  est ce que votre conflit est réglé ? Est ce que chacun est satisfait ? »,

Rapidement dans cette première semaine d’expérimentation, j’ai vu naître des conflits dans la cour de récréation et j’ai vu des enfants ayant déjà utilisé la pelote dans mon bureau, venir y frapper pour la réclamer.

Et puis un midi, c’est un groupe de 5 enfants qui est venu s’emmêler les mains pendant 20 minutes, sans aide d’adulte pour régler un conflit.

Depuis, j’ai des petits comme des grands qui viennent frapper au bureau et très fiers me disent : «  Vincent, on a un conflit à régler, on n’a pas besoin de toi, t’inquiète, on va pas te déranger, on veut juste la pelote ».

Et l’équipe pédagogique ?

Je n’ai pas présenté cet outil aux animateurs, c’est un choix de ma part … Je constate qu’ils ont du mal à utiliser les outils qu’on impose, mais je vois bien qu’ils regardent cela de plus en plus prêt.

Les parents ?

Un soir, c’est une maman qui est venu se plaindre que sa fille rencontrait des problèmes de harcèlement par 2 autres garçons. Ce soir là, je n’ai pas hésité. J’ai fait venir la fille, sa maman et les 2 garçons et devant la maman, j’ai sorti une pelote. Les enfants ont réglé le problème en 10 minutes et la maman était ravie de voir la puissance d’un simple bout de laine. En fait ce n’est pas le bout de laine qui est puissant, c’est juste la place qu’on laisse à l’enfant.

Un après – midi ou deux enfants se bagarrent dans les buts de foot à cause d’une histoire de ballon. Je sors ( assez énervé j’avoue car les propos étaient vulgaires et il y avait échange de coups ), et là les 2 enfants s’arrêtent et crient «  ah non, pas la ficelle, ça va durer des heures … promis Vincent, on va régler ça tout de suite … )

Ils sont partis discuter derrière le but de foot et 3 secondes après, ils étaient redevenus amis.

Cette ficelle apaise les tensions. C’est vraiment un outil efficace.

Qu’est-ce que cet outil m’a apporté et qu’est-ce que cela a apporté aux enfants?

Cette technique me permet d’être calme au moment de la prise en charge du conflit, moment ou en général, on est pris par l’urgence du moment et on veut régler cela rapidement.

Les enfants se prennent en charge, et j’accompagne juste au positionnement des ficelles dans les mains, ce qui n’est pas toujours simple chez les petits.

En les écoutants j’ai aussi une autre approche de leur conflit : je ne juge pas sur les fait, j’entends la parole et la position de chacun, le ressenti même si il a été commis un acte grave. Je peux prendre du recul et savoir quelles sont les enjeux psychologiques du conflit en cours.

Les enfants eux apprennent à se calmer, car ils ne sont plus en, position «  d’accuser l’autre ». Ils doivent s’écouter et respecter de ne pas couper la parole pour avoir la pelote.

En général, en temps normal, ils sont impulsif et ne verbalisent que les faits «  il m’a étranglé… » et en veulent à l’autre mais ne pensent pas à pas ce qu’il y a eu avant, voir les jours précédents.

Isabelle Filiozat et les adolescents

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« Comprendre et accompagner les adolescents »

Intervention de Frédérique LE GOFF formée à l’école d’Isabelle Filliozat

le 26/07/2017

Lors de la mobilité du projet de recherche européen Erasmus + en France, en juillet, Frédérique Le Goff, Psychopraticienne et Coach Parental de l’équipe d’Isabelle Filiozat est intervenue, durant une demi journée, pour nous présenter « Comprendre et accompagner les adolescents et leur famille ».

Isabelle Filliozat : psychothérapeute, conférencière et auteure de 18 livres est devenue en quelques années une référence en matière d’aide à la parentalité et plus particulièrement en Parentalité Positive. La Parentalité Positive repose sur le principe que l’enfant ne désobéit pas par plaisir, afin d’ennuyer ses parents avec lesquels il a des comptes à régler, mais tout simplement parce qu’il n’en a pas le choix, son cerveau étant immature. Elle se base sur les apports des neurosciences et propose des outils aux parents désemparés.

Résumé :

Madame LE GOFF nous explique que les comportements des adolescents ne sont pas dirigés contre leurs parents. mais que ces attitudes trouvent leur origine et s’expliquent par les nombreuses transformations vécues durant cette période. Les adolescents eux-même peuvent être déstabilisés par ce qui leur arrive. Comprendre ces transformations permet d’éclaircir ce qui se passe et d’aider ainsi les parents, éducateurs et les adolescents eux-même à mieux traverser cette période dans leur relation intrapersonnelle et interpersonnelle.

L’intervention s’est déroulée en 3 parties :

1- L’Adolescence, une période de transformation

Les transformations physiques

Si la majorité de ces transformations est connue, nous n’avons pas toujours conscience de leur importance et de leur incidence sur les adolescents.

L’apparition de la pilosité, la voix qui mue, les changements sexuels (règles..), la transpiration, l’acné, les modifications de la vue, de l’ouïe, la croissance qui peut aller jusqu’à 25 cm chez les filles et 28 cm chez les garçons….sont autant de modifications morphologiques qui occasionnent de nombreuses douleurs, gênes, hontes, maladies …pas toujours comprises par les adultes, et qui expliquent souvent nombre de comportements des adolescents : fatigue, irritabilité, « lenteur », attitudes avachies, inhibitions…

Les transformations physiologiques

De nombreuses hormones déclenchent ces transformations. Pour n’en citer qu’une, notons que la Testostérone augmente de 1000 % chez les garçons à cette période, comme si ceux-ci apprenaient à conduire avec une voiture de formule 1 ! Elle agit à bien des niveaux : elle augmente le stress de l’adolescent, exacerbe ses émotions, augmente l’attraction sexuelle, inhibe le langage, l’empathie … et explique ici encore les comportements parfois très réactifs et explosifs.

Les transformations cérébrales

Le cortex préfrontal, cette partie du cerveau qui gère la mémoire, l’anticipation, l’empathie, le raisonnement, le libre arbitre, la prise de recul, la prise de décisions … peut, chez nous adultes nous aider à calmer notre cerveau reptilien, qui est, en cas de stress, en mode attaque ou la fuite. Or chez les adolescents ce préfrontal est en construction. Il sera d’ailleurs complètement terminé à … 28 ans ! Pas étonnant que nos adolescents aient quelquefois des réactions vives … claquage de porte et gros mots s’expliquent là encore.

Par ailleurs c’est une période ou le cerveau est en reconstruction, il s’agit de l’élagage synaptique. Ce qui se passe dans leur cerveau est un peu comme si 70% du réseau routier était en travaux !…tout ceci nécessite beaucoup d’énergie et occasionne beaucoup de fatigue. Non, l’adolescent avachi sur le canapé ne fait pas rien ! Au contraire son cerveau travaille.

Les transformations psychiques

L’adolescence est le temps de l’ambivalence :

D’un côté un besoin d’attachement, ce lien de sûreté entre la mère/ le père et l’enfant (Cf, la théorie de l’attachement de John Bowlby) qui lui permet de développer une sécurité intérieure.

D’un autre un besoin d’indépendance, d’autonomie qui l’incite à se détacher de ses parents.

L’équilibre n’est pas simple ! Allers-retours qui désarçonnent les parents : Un garçon de 14 ans n’ose pas demander un câlin, il tend les bras pour un câlin … maman s’approche, il la rejette.

La transformation sociale.

L’appartenance à un groupe est primordiale pour un adolescent. A tel point que la zone du cerveau correspondant au rejet social est la même que celle de la douleur forte !!

Malheureusement, la règle du groupe est souvent plus importante que sa propre règle intérieure, ce qui explique que les adolescents développent, en groupe, des comportements qu’ils n’envisageraient jamais seuls.

2- Les grandes problématiques liées à la période de l’adolescence et leurs conséquences

C’est une période propice aux dépressions, burn out, problèmes d’alimentation, harcèlement, addictions (écrans…), drogues, mutilations, sexualité, échec scolaire, violence, accidents, comportements dangereux … Ainsi les suicides et les transgressions sont la cause de mortalité la plus élevée : 20% chez les filles, et 9% chez les garçons.

4 Ingrédients typiques de cette période font le lit des attitudes dangereuses (sport extrême, conduire en état d’ébriété…).

– un sentiment d’invulnérabilité

– l’effet du groupe

– la transgression (L’adolescent ne peut pas résister à la transgression et aux interdits)

    • Le plaisir immédiat (dû à la sécrétion de dopamine)

Ces ingrédients s’expliquent par les différentes transformation vues précédemment.

3-Accompagner les adolescents et la famille

Accompagner la famille, les éducateurs…

2 choses primordiales à apporter aux adolescents

des racines = ATTACHEMENT

des ailes = POUVOIR PERSONNEL

L’attachement consiste à jouer avec lui, à s’intéresser à ce qu’il fait (ses passions…), à l’écouter de manière empathique sans conseils, à reconnaître ses émotions…

Le pouvoir personnel consiste à l’impliquer dans les décisions, le laisser réfléchir par lui-même, lui donner des choix, le responsabiliser, développer son esprit critique…

Interdire , punir, ordonner est dangereux car cela mobilise le désir de rébellion, de transgression…coupe la communication et la relation…et favorise le comportement inverse de celui souhaité.

Accompagner les adolescents

– Méditation , pleine conscience…

Tous ces changements physiologiques, psychologiques et sociaux leur demandent un repos nécessaire, de la détente.

– Ateliers d’adolescents

Ceci aide les adolescents à développer leur capacité d’anticipation, leur capacité à gérer des situations problématiques, des situations de danger, dans différents scénarios de leur vie quotidienne (alcool…)

– Le journal créatif

– Médiation de conflits entre pairs, ou en groupe

Les cercles de paroles

Conclusion

Période charnière difficile mais aussi permettant de réinitier une nouvelle relation avec son enfant, plus nourrie, plus forte s’il y a eu des difficultés avant … Le cerveau est en reconstruction … Profitons en pour développer une relation harmonieuse avec notre adolescent.

 

 

 

 

 

 

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