Archives par étiquette : pleine conscience

Des enfants, un conflit, un animateur, une pelote!

enfants, parentalité

La résolution de conflit en pelote.

Voilà un bien bel outil que j’ai pu ramener dans mon sac à dos au retour de cette belle aventure en Italie.

Qui suis-je ?

Je suis animateur – coordinateur dans une mairie de la périphérie de Rennes et je suis au contact de 540 enfants environ. Et les conflits sont fréquents, c’est pour cette raison que j’ai souhaité m’intéresser à la pleine conscience.

L’outil

Utiliser une pelote de laine pour laisser les enfants régler seuls leurs conflits.

Il s’agit simplement d’intervenir au départ du conflit en remettant aux enfants une pelote de laine enroulée.

Les enfants s’expriment tour à tour en s’adressant les uns aux autres, au sujet du conflit.

La règle étant que lorsqu’on parle, on prend un bout de la ficelle et on ne la lâche pas jusqu’à la fin du conflit. On reprend en main un bout à chaque usage de la parole.

Un enfant peut ainsi se retrouver avec 20 fois le passage de ficelle en une main.

Déroulé

Au début, j’ai utilisé cette technique dans mon bureau et cela fonctionnait bien car les enfants trouvaient l’outil amusant, la technique rigolote et innovante. Je leur permettais en plus de pouvoir choisir la couleur de leur pelote, ce qui les surprenait car en arrivant dans le bureau, ils s’attendaient plutôt à être grondé ou avoir des lignes à copier. Ensuite, il faut être adroit pour se passer la pelote quand les mains tiennent les ficelles, donc l’attention n’est plus focalisée sur le conflit mais sur la réussite, il en naît une sorte d’entraide entre les enfants qui se chahutaient.

Les enfants étaient aussi surpris car ils ne devaient pas me rendre de comptes mais s’adresser à leur camarade uniquement. Moi je leur disais que je ne les écoutais pas, que je faisais autre chose pendant ce temps. Puis à la fin, j’interviens pour reprendre chaque bout de ficelle et leur demander ce qui avait été dit ( chaque bout de ficelle représente un échange verbale ).

Je finissais pas leur demander «  est ce que votre conflit est réglé ? Est ce que chacun est satisfait ? »,

Rapidement dans cette première semaine d’expérimentation, j’ai vu naître des conflits dans la cour de récréation et j’ai vu des enfants ayant déjà utilisé la pelote dans mon bureau, venir y frapper pour la réclamer.

Et puis un midi, c’est un groupe de 5 enfants qui est venu s’emmêler les mains pendant 20 minutes, sans aide d’adulte pour régler un conflit.

Depuis, j’ai des petits comme des grands qui viennent frapper au bureau et très fiers me disent : «  Vincent, on a un conflit à régler, on n’a pas besoin de toi, t’inquiète, on va pas te déranger, on veut juste la pelote ».

Et l’équipe pédagogique ?

Je n’ai pas présenté cet outil aux animateurs, c’est un choix de ma part … Je constate qu’ils ont du mal à utiliser les outils qu’on impose, mais je vois bien qu’ils regardent cela de plus en plus prêt.

Les parents ?

Un soir, c’est une maman qui est venu se plaindre que sa fille rencontrait des problèmes de harcèlement par 2 autres garçons. Ce soir là, je n’ai pas hésité. J’ai fait venir la fille, sa maman et les 2 garçons et devant la maman, j’ai sorti une pelote. Les enfants ont réglé le problème en 10 minutes et la maman était ravie de voir la puissance d’un simple bout de laine. En fait ce n’est pas le bout de laine qui est puissant, c’est juste la place qu’on laisse à l’enfant.

Un après – midi ou deux enfants se bagarrent dans les buts de foot à cause d’une histoire de ballon. Je sors ( assez énervé j’avoue car les propos étaient vulgaires et il y avait échange de coups ), et là les 2 enfants s’arrêtent et crient «  ah non, pas la ficelle, ça va durer des heures … promis Vincent, on va régler ça tout de suite … )

Ils sont partis discuter derrière le but de foot et 3 secondes après, ils étaient redevenus amis.

Cette ficelle apaise les tensions. C’est vraiment un outil efficace.

Qu’est-ce que cet outil m’a apporté et qu’est-ce que cela a apporté aux enfants?

Cette technique me permet d’être calme au moment de la prise en charge du conflit, moment ou en général, on est pris par l’urgence du moment et on veut régler cela rapidement.

Les enfants se prennent en charge, et j’accompagne juste au positionnement des ficelles dans les mains, ce qui n’est pas toujours simple chez les petits.

En les écoutants j’ai aussi une autre approche de leur conflit : je ne juge pas sur les fait, j’entends la parole et la position de chacun, le ressenti même si il a été commis un acte grave. Je peux prendre du recul et savoir quelles sont les enjeux psychologiques du conflit en cours.

Les enfants eux apprennent à se calmer, car ils ne sont plus en, position «  d’accuser l’autre ». Ils doivent s’écouter et respecter de ne pas couper la parole pour avoir la pelote.

En général, en temps normal, ils sont impulsif et ne verbalisent que les faits «  il m’a étranglé… » et en veulent à l’autre mais ne pensent pas à pas ce qu’il y a eu avant, voir les jours précédents.

Lien
Bonjour à vous,

ce midi, les enfants commençaient à monter en pression, et j’avais fait un simili riz cantonnais avec des légumes dont des petits pois. J’ai alors, imaginé le petit pois de pleine conscience.

Nous nous sommes attardés à regarder la forme qu’il avait. Est-ce qu’il est pleinement rond? Ou pas tout à fait? Nous avons alors regardé sa couleur. Sont-ils tous exactement de la même couleur?

Puis nous l’avons mis dans notre bouche. Sans le croquer, attention! Et nous ‘lavons fait rouler sous notre langue! sur le côté, devant, derrière. Est-il tout rond? Tout doux? Tout mou?

Alors nous avons délicatement fermé notre mâchoire, après l’avoir mis sous nos molaires. Et là, nous avons senti la chaire sortir de sa peau, et nous avons pu goûter la texture, la saveur sucrée… Hum, puis nous l’avons avalé! Miam!

Mes enfants m’ont alors dit : « moi, je préfère les petits pois comme celui là! Ceux qu’on récoltent dans notre jardin! c’est meilleur, et c’est nous qui les plantons ».

Puis, ils ont d’eux-même recommencé l’expérience avec d’autres petits pois, puis avec les haricots verts, et les carottes!

Une séance de pleine conscience avec notre nourriture! Manger en pleine conscience! Quel délice, et le repas s’est passé dans le calme et le partage.

Partage de « Apprendre à méditer en pleine conscience »,de Elisha Goldstein et Bob Stahl, selon Jon Kabbat Zin.

Nous devons tous manger, et nous mangeons tous les jours. Cependant, il est rare que nous mangions en pleine conscience, nous mangeons en lisant, en regardant la télévision, en parlant à outrance ou encore en ruminant…

Manger en appréciant chaque texture, saveur, chaleur ou couleur des ingrédients composant notre alimentation nous permet d’être au plus présent de ce qui se passe ici et maintenant. Faite-vous observateur de vous-même en train de manger, apportez toute votre attention pleine et consciente à vos aliments, ralentissez votre démarche au maximum. Vous pouvez pratiquer de façon informelle, et vous verrez, vos enfants vont y prendre goût (sans jeux de mots!)

Et peut-être que vous mangerez moins car vous serez rassasiée par vos aliments…

 

Je vous souhaite une bonne aventure…

Plus d’infos sur la parentalité consciente, c’est par ici! 😉

Son fils autiste est maintenant un chanteur reconnu internationalement

enfants, meditation

La pratique musicale et la pleine conscience.

Le projet de recherche sur la parentalité consciente, appelé « Empath », subventionné par les fonds européens continue actuellement à Plymouth. Il s’agit de notre deuxième rencontre avec les partenaires engagés : Autriche, Peter et Paola; Italie : Elena, UK : Annette, Graham, Olivia; France : Lydie Guégan.

Le but de ce projet est de créer un espace pour les parents afin de trouver écoute et partage bienveillants à travers des pratiques de la pleine conscience face à la réalité d’être parent.

Aujourd’hui, nous avons suivi deux ateliers en mode « recherche et exploration ». J’ai adoré celui de l’après midi sur la musique et la présence de pleine conscience. Je vous le raconte toute de suite, après un petit aperçu de celui de ce matin.

Ce matin, Olly Hurd Thomas de Plymstock school est venu nous présenter comment il introduisait la pleine conscience dans son établissement. Il a tout d’abord formé 20 cadres de son institution, et maintenant il donne un cours à des élèves chaque jour. La méthode suivie actuellement est la méthode « .B ». Il s’agit d’une méthode de pleine conscience adaptée aux écoles et qui assez connue en Angleterre.  La progression suivie est réalisée selon le curriculum proposé par .B. Nous avons pu avoir de nombreux échanges fort intéressants, surtout quant à l’introduction systémique de la pleine conscience dans des établissements scolaires. Une  des difficultés est souvent la méconnaissance de la notion de « méditation » qui est souvent associée à celle de secte, ou de spiritualité, alors qu’il s’agit d’une méditation « laïque », qui permet d’apprendre à vivre avec ses émotions, afin de mieux gérer leur existence, et leur conséquence. Avec le principe que « l’observation d’une émotion ou d’une situation permet en premier lieu de la désamorcer et de revenir à soi ». Une autre idée est fortement venue en place et lieu : vouloir passer une attitude de pleine « présence » à des enfants ou des élèves sans la pratiquer soi-même est vide de sens, vide de résonance. Une matérialisation de cette pratique en nous-même est simplement inévitable afin d’expérimenter, et la pleine présence, la pleine conscience est tout d’abord, expérience, expérimentation, une aventure …

 

Cet après midi, c’est Caroline Coleman qui est venue partager son temps avec nous. Cette femme a une histoire incroyable. Elle est musicienne, chanteuse de jazz. Elle a deux enfants, et son deuxième est autiste.

C’est alors toute une vie qui bascule. Un jour, sa mère, qui gardait Kyle, jouait du piano, et se rendit compte que Kyle savait chanter parfaitement bien. Il ne communiquait pas par la parole. Elle essaya alors différentes méthodes pour communiquer par la musique avec lui. Elle essayait de lui enseigner. Et il résistait. Elle a alors cessé de vouloir vouloir. Elle l’a observé, et en l’observant, elle a créé un espace, un vide, qu’il pouvait investir. Il commença alors à lui sortir des cds et à lui faire comprendre quels titres il voulait qu’elle joue. Et à chaque fois, les titres des chansons étaient en lien avec ce qu’il ressentait à ce moment-là, avec ce qu’il souhaitait exprimer.

C’est alors qu’elle a compris qu’elle devait écouter, qu’elle devait observer. Elle mit alors en place un système de musique intuitive afin de pouvoir communiquer avec les enfants autistes avec qui elle était en contact. Elle tire les conclusions qu’un parent est là pour être capable de traduire ce que l’enfant est à l’intérieur, il s’agit de faire un pas en arrière et de laisser le vide s’exprimer, quelque chose de plus grand que nous, et aussi que l’espace puisse être empli par l’expression de l’autre, qui, lorsqu’il est écouté, est reconnu.

C’est ainsi que la qualité de l’écoute est très importante. Caroline nous raconte qu’une de ses élèves autiste est très sensible, elle ressent énormément les champs présents autour d’elle. Au départ, Caroline voulait jouer énormément un morceau, et la jeune fille en face d’elle manifestait son mécontentement. Alors, de fil en aiguille, elle finit par jouer seulement un « la ». Cette jeune fille découpait des images avec lesquelles elle venait, et elle les posait devant elle. Et Caroline jouait pour ses « amis sur les photos ». Un fois cela posé, la confiance fut établie entre elle et la jeune fille. Puis, elle put jouer autre chose que des « la » sur sa guitare.

Par contre, dès qu’elle jouait en pensant à tout autre chose, tel que « je dois mettre mon linge à sécher », « je dois me souvenir d’acheter du sel », « zut j’entends quelqu’un arriver ». Alors, la jeune fille manifestait son mécontentement. Elle était hypersensible à ce que les autres personnes manifestaient. Elle ressentait la différence de qualité d’écoute. Car nous vibrons ce que nous sommes, nous vibrons très largement en dehors de qui nous sommes, ce que nous sommes à l’intérieur de nous. Nous impactons notre environnement extérieur par ce que nous sommes intérieurement. 

Caroline nous a alors parlé intensément des archétypes musicaux: l’archétype d’Apollon, celui de Dionysos, celui d’Orphée, et de Psyché. J’ai alors appris une autre façon de voir la musique. Nous avons suivi plusieurs exercices afin d’arriver à exprimer notre profond intérieur, sans règles, sans instruction autre que « exprimez-vous dans le style d’Apollon, ou … »

Ces pratiques furent d’une libération quasi magique pour qui a pratiqué la musique en école de musique en suivant des règles draconiennes … Jouer était une pratique qui venait de l’intérieur, les notes étaient juste la prolongation de mes vibrations, de mes ressentis, les pauses, les silences, les notes, chaque son emplissant l’espace, entendu, ressenti par chaque cellule, suivant un chemin inattendu émanant du fort intérieur, et de plus grand que soit …

Elle anime ces ateliers avec son fils Kyle et elle nous a fait écouter un enregistrement d’un des morceaux de son fils, je vous mets le lien ci dessous.

Je suis emplie d’une immense gratitude pour la vie qui m’a amenée à cette rencontre … Avec Caroline, avec la musique, avec moi-même, et toute ce qu’elle nous a transmis aujourd’hui, ce fut un cadeau précieux …

 

www.connectionsthroughmusic.co.uk