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Les neurosciences et la pédagogie

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Conférence : « Les neurosciences et la pédagogie »   Le 18/05 à Vern sur Seiche.

Par Guy Chaudon : neurosciences et pédagogie
Professeur pendant 25 ans, élève dans une école Steiner, puis professeur.

 

Guy Chaudon élève.
Il a tout d’abord fait un cp dans une école traditionnelle, puis dans une école Steiner, dans quelques classes colorées, ils étaient accueillis par les professeurs. L’impression d’être perçus en tant qu’individu. Il a l’impression de passer d’un film en noir et blanc à un film en couleur. C’est pour lui, une école en tant que lieu de découverte et lieu d’expérimentation. Il se ressent en tant qu’être considéré, unique, un sujet original. Vers 26 ans, il se réengage dans l’éducation.
Le cerveau et sa considération au long de l’histoire
La pédagogie oublie ce qu’est l’autorité et la non-autorité. La pédagogie essaie de découvrir ce que vit l’enfant.

L’infiniment grand et l’infiniment petit.
Dans les années 80 et 90, l’IRM est inventé. L’objectif est de voir ce qu’il y a dans le cerveau, c’est-à-dire des millions de neurones. Ce qui est un parallèle à ce que l’on veut voir dans le ciel, des millions d’étoiles que l’on peut voir grâce à la lunette astronomique.
Dans notre cerveau, les grandeurs sont les mêmes que dans l’univers mais en plus petit. Depuis 15 ans, les livres découvrent ce qui se passe dans le cerveau.
On réalise alors beaucoup de découvertes qui auront des conséquences pédagogiques et aussi des conséquences sur la création d’outils pédagogiques.
Tous les pédagogues, les parents, les oncles et les tantes, les professeurs doivent cerner ce qui se passe dans le développement cognitif de l’enfant ce qui est la base de la liberté. On remarque que aujourd’hui, le cerveau a un fonctionnement très complexe.

Au préalable, au temps des Egyptiens, le cerveau n’était pas très considéré, le cœur était vraiment sacré, et était très respectable. Ils restaient dans la pensée du cœur.
En Crête, nous vient le mythe de Thésée qui combat le minotaure, dans le labyrinthe avec le fil d’Ariane. L’important dans ce mythe est l’utilisation du fil, l’outil pour percevoir la cause à effet. C’est le fleurissement de cette pensée en Grèce, grâce aux philosophes.

Puis, le mythe de Persée, qui ramène la méduse grâce à l’aide d’Athéna qui lui donne un miroir. La signification est que pour percevoir le monde, il s’agit alors d’utiliser un miroir, c’est-à-dire que le cerveau réfléchit le monde sensible, il est tel un bouclier, tel un miroir lisse, qui réfléchit le monde. De plus, le cerveau est en apesanteur dans l’eau, il ne bouge pas. Il régit tout ce qui est inconscient, c’est le cerveau reptilien. (développement sur les autres types de cerveaux)

La finitude du cerveau
Il a deux hémisphères, la droite pour les artistes, c’est le présent, l’immédiat, les couleurs, les tâches, les synthèses. La gauche pour l’analytique, la logique, la rigueur, la parole, l’écriture.
Nos 100 milliards de neurones sont en parallèles avec les 100 milliards d’étoiles. Ce qui correspond à trois fois la distance entre la terre, la lune et le soleil aller/retour ou 10 fois terre – lune aller/retour.
Chaque neurone peut créer des liens avec 10000 synapses. Les glyales, soit 5 milliards, en réseau, se construisent et se déconstruisent.
Et tout cela se crée, s’ordonne, crée des routes, n’est jamais fini. A certain moment, on nous juge comme intelligent ou bête, or, ce n’est qu’un jugement éphémère. C’est une grande erreur. L’idée de la finitude du cerveau est une grande erreur. Le cerveau est plastique, les cellules naissent, se reconstruisent.
ex. un danseur américain a un AVC. Le diagnostique fait qu’il est condamné. Son fils lui réapprend tous les gestes depuis l’enfance, il se remettra à danser, et il mourra quelques temps plus tard. Les scientifiques étudièrent alors son cerveau et diagnostiquèrent que 97% de celui-ci était mort, et seul 3% fonctionnait. C’est la plasticité du cerveau.
Il faut 2500 chutes (échecs) à un enfant pour pouvoir marcher. Il faut aussi de la motivation…
Jil Boyle Taylor, qui est chercheuse (sur le cerveau), a un AVC, elle perd son cerveau gauche. Son monde a changé, elle vit alors dans l’instant présent, tel un bébé de un mois, elle vit la sérénité et le bonheur.

Le cerveau et son développement :
Le système nerveux se construit en 7 mois lors du développement du fœtus. Il construit 7000 neurones chaque seconde, c’est 100 milliards de neurones construits alors.
La naissance tient du miracle, il s’agit de faire passer une très grande tête jusque dehors, alors, les neurones, à la naissance, sont tous tassées ensemble, pour passer à l’accouchement, d’où l’importance de l’accouchement par voie basse.

Etres humains et animaux, avenir et passé
Il y a une très grande différence entre les animaux et les être humains : le cerveau est déjà activé dans l’embryon (il y a le réflexe de succion, de se prendre les mains …) L’enfant est un acte entier en devenir. Alors que l’animal est un acte du passé, il est la somme des savoirs du passé, des acquis de l’expérience de l’espèce, il a une phase d’apprentissage très courte. L’homme n’a aucun savoir, la confiance de l’Homme, la confiance de la nature. L’Homme s’adapte à une réalité nouvelle. Les dromadaires sont faits pour vivre dans le désert et ne pourraient s’adapter à la banquise, l’homme, lui, il s’adapte. Il va vers le futur. Il dépend de l’Homme, c’est un être social.
Si l’on se réfère aux enfants sauvages, alors tout leur apprentissage est durci, car il n’y a pas eu l’amour dans leur apprentissage, il n’y a alors aucune plasticité dans leur cerveau.

La reliance
L’embryon a une force qui anime tout son corps, et aussi, il est relié « j’appartiens à quelqu’un, j’ai une force de grandir ». Un enfant, c’est un placard avec des milliards de boites, et quelques feuillets d’explication. Pour apprendre, il a besoin d’un modèle. La mère, le père, les éducs … Si un enfant perd l’identité du lien alors, les enfants sont perdus. Ex de l’expérience de la langue d’Adam, en Italie. Des enfants sont isolés afin de voir quel sera leur développement linguistique. Ils sont juste nourris et laissés à eux-mêmes en dehors des soins basiques. Personne ne leur parle. 5 enfants en sont morts. Le lien d’amour, le lien social est nécessaire pour que l’homme se développe. L’Homme est un être profondément social.

L’intelligence du nouveau né
Un enfant dit oui à la vie, avec sa maman, puis avec lui même, ses mains, ses ressentis, il met en place des réseaux neuronaux, temporaires.
Il s’agit de 1000 à 1500 synapses/seconde créées dans un climat bienveillant envers l’enfant.
Les neurones miroirs sont les outils didactiques des enfants, il s’agit d’une intériorité pour imiter. Tout comme le langage est imitation par exemple.
Un bébé de un mois est intelligent, un enfant de 4 mois peut calculer, il sait que 8 est plus grand que 3. Il éprouve de l’empathie. L’enfant se construit en fonction de ce qu’il voit, ce sont ses parents qui lui enseignent cela. L’enfant a de la joie à recommencer, même quand il rate, il est infatigable dans la joie et dans l’enthousiasme. C’est la chose la plus précieuse qu’il emmène avec lui.

L’enthousiasme
L’enthousiasme serait-il le moteur neurologique ? Par exemple, des recherches ont été menées sur l’usage du téléphone portable. Il est apparu une création spéciale de protéines dans le cerveau à l’usage de celui-ci à un certain emplacement. Cet usage fait qu’une production est réalisée car le cerveau est nourri anormalement. L’enthousiasme de taper sur des touches avec deux pouces sur un clavier fait que le cerveau s’anime, se met en mouvement, s’irrigue, il s’agit du compost de l’apprentissage. A l’inverse de ce qui se passe lorsque l’on donne des ordres aux enfants. L’enfant sait que les jeux, les expériences viennent de lui, alors l’enthousiasme est à 100%, la connexion est possible. Il s’agit de créer un environnement accessible librement par l’enfant. Avec l’ajout incommensurable de la bienveillance de l’adulte, de l’intérêt de l’adulte envers ce qu’il fait.
Il s’agit de ne pas voir l’enfant comme une chose. Nous les chosifions en permanence en leur donnant des préjugés, en jugeant, car on se chosifie soi-même. (pensez à cette petite voix que vous avez dans votre tête, et qui vous juge en permanence, cette voix est celle que vous avez entendue de vos parents, de vos éducateurs etc) Dire « tu es bête » ou « tu en comprends pas, tu ne comprends rien » ou « tu es méchant », sont des jugements, ce qui est différent de « je vais t’expliquer autrement ». C’est le chosifier. Dans le monde de l’enseignement, il y a souvent un jugement, on juge les devoirs, on juge les comportements. Ce qui est différent d’une éducation bienveillante. Il s’agit pour nous alors de transformer les croyances admises.

Un cerveau consomme 25% à 30% de notre nourriture, il pèse 1kg5 soit 2 à 3% du poids de notre corps. Il peut se mettre en économie, s’il y a un problème, il peut chercher une solution dans le passé, lorsque l’enthousiasme vient du cœur, alors cela active la circulation sanguine. Donc son irrigation, et sa mise en éveil.

Quel impact pédagogique et didactique ?
La production neuronale est à son maximum à 4 ans. Et on sait que toute spécialisation est un appauvrissement.Une fois acquise, la lecture est une activité très pauvre ensuite. Certains enfants refusent la lecture car les jeux libres ouvrent leurs apprentissages à 360 degrés. Comme par exemple, aller en forêt, cela permet la stimulation de leur production neuronale. C’est l’enfant lui-même qui initie ses jeux.

A l’école Steiner, la lecture est vue plus tard car jusque 7 ans, l’enfant construit son corps. Il trouve aussi son identité dans ses dents. (développement pas noté)
Souvent 20% des enfants sont bons en maths et en français, mais le reste … ??
Tout ce qu’il y a autour, l’art plastique, l’empathie, l’éducation musicale et émotionnelle ? Tout cela est balayé ! Les 80% restant sont peut-être ceux qui aimeraient danser, observer … Et toute notre société est basée là-dessus.
Entre 3 et 5 ans, lors de leurs jeux, ils explorent leurs intelligences particulières, celles qui leur sont propres. Ce sont des germes qui sont souvent réduits à l’école.

Et pourtant, c’est l’enthousiasme qui pousse l’enfant à apprendre.

La métaphore de l’éducation : le potier et le jardinier. Le potier forme un vase moulé alors que le jardinier plante des graines dans la terre. Un potier forme un vase issu de la terre, il le forme et le moule, alors qu’un jardinier prépare le terreau, la terre, il cultive, il arrose les graines qu’il a consciencieusement plantées. Il y a la pédagogie de l’accompagnement et la pédagogie du gavage. Cf Idriss Aberkanne. Isabelle Fioliozat : ouvrages sur le cerveau de l’enfant et de l’adulte.

Il serait nécessaire de refondre le système scolaire afin de former la tête, de garder un dynamisme pour apprendre plutôt que de gaver la tête. Il s’agit de développer des attitudes de créativité, des attitudes artistiques.

Ce sont les enfants nos professeurs, et leur enthousiasme qui forme notre cerveau.

Cf : Gerlad Huiter, Dr Habib, les constellations des 10. André Stern.

 

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